Les livres

J’ai eu la chance, dans les années 1970, d’avoir François Cheng comme professeur de poésie aux Langues « Ô » (Institut National des Langues et Civilisations Orientales). Je ne pouvais plus dès lors dissocier la calligraphie de la poésie et de la peinture, ces trois facettes d’un unique ensemble dans lequel on entre et où tout devient clair.  
En 1989, j’ai fait la connaissance de Chen Dehong, qui peignait des toiles modernes, semi-abstraites à partir de caractères chinois pour donner à voir le sens des clés. 
Ainsi, des fils du Pays du Milieu avaient fait la démarche de venir à nous, occidentaux, pour nous inviter à saisir l’essence de l’écriture chinoise.

Et si j’osais faire la démarche en sens inverse ? Une occidentale qui donnerait à voir le sens caché des sinogrammes grâce à des poèmes contemporains ?
Pour illustrer l’esprit de la calligraphie chinoise, il m’a paru que c’est la photographie en noir et blanc qui, dans l’art de l’Occident, en est la plus proche. Elle est en parfaite affinité avec les notions de Vide et de Plein, si chères à François Cheng. 

Les illustrations photographiques, pages de gauche

Certaines photos ont été choisies à partir d’une œuvre existante que je possédais, les autres ont été créées pour faire écho soit au poème, soit au caractère, soit aux deux.

Les poèmes, pages de droite

Pour chaque titre de poème, on trouvera le mot en français, sa traduction en pinyin (transcription internationale de la prononciation du chinois), ainsi que le caractère chinois correspondant. 
Les poèmes ont été écrits en fonction d’au moins l’un de ces critères, en jouant avec la forme du caractère/le poème/la photo :

•  L’étymologie du caractère (Automne, Femme, Mer) ;
•  Une peinture (Aimer), une calligraphie (Esprit) ;
•  Une idée (Automne, Germe, Ivresse, Mort, Neige, Prison, Rêver, Tristesse, Vieux) ;
•  Un aspect visuel (Barque, Enceinte, Entrecroiser, Femme, Fils, Homme, Ivresse, Lune, Mer, Montagne, Mort, Œil, Pluie, Plumes, Voler) ;
•  Une légende ou un mythe (Barque, Dragon, Fruit, Lune, Rat) ;
•  La philosophie chinoise : Vide et Plein (Cheval, Cyprès, Fruit, Rêve, Vieux) ; Livre des Mutations (Fleur) ; la pensée de Confucius (Homme) ;
•  Les cinq éléments (Bois, Eau, Feu, Métal, Terre) ;
•  Certains signes du zodiaque chinois (Bœuf, Cheval, Dragon, Lapin, Porc, Rat, Tigre, Serpent).

Deux façons de lire le livre :

Quelques notes d’explications relatives au contexte du poème sont disponibles à la fin de l’ouvrage. Elles sont signalées dans les poèmes par des astérisques. 
Soit on lit les poèmes en regardant le caractère et la photo lui correspondant. On aura alors une lecture personnelle, au gré des sensations et des analogies que l’on construit soi-même.
Soit on lit les poèmes en se référant aux notes. Elles sont importantes pour comprendre la démarche proposée, le choix des photos, le rapport entre les photos/les poèmes/les caractères.
On a le choix.